Nouvel entretien avec l’un de ceux du Renouveau, militant à la FRUF et à l’UNEF. Il s’agit d’Alain Nicolas, né en Tunisie, bachelier à Marseille, puis étudiant à Sup de Co Paris (ESCP) et à Assas entre 1967 et 1974.
Issu d’une famille modeste de culture catholique, sensible aux réformes de Vatican II (1962-1965) et ouverte à l’évolution sociale de l’Église, mais pas « de gauche », Alain est né en 1948 dans la banlieue de Tunis. Quelques années après l’indépendance, dans le contexte tendu de la guerre d’Algérie, ses parents s’installent finalement à Marseille. Alain passe son bac au lycée Périer et sa prépa HEC au lycée Thiers. Lycéen, il participe aux activités de la Jeunesse étudiante chrétienne (JEC).
Admis à l’École supérieure de commerce de Paris (Sup de Co) et inscrit en droit à Assas (il s’inscrira ensuite en économie), il s’installe à la résidence universitaire d’Antony à la rentrée 1967 et devient l’un des 3 000 résidents.
Afin de rompre l’isolement, il sympathise avec des catholiques « très à gauche », puis rencontre des militants communistes lors d’une soirée commémorant le cinquantenaire de la Révolution d’Octobre. Il s’investit aussi très vite dans l’association des résidents, l’AERUA.
La vie associative à la résidence, un « bouillon de culture incroyable », est d’une grande intensité. Alain commence par s’impliquer dans les activités culturelles de l’AERUA, notamment dans son ciné-club. Cette année fut aussi celle des manifestations et des barricades de mai 1968. Notre ancien Marseillais sera même, pendant quelques heures, le “responsable” de l’une d’entre elles, au carrefour de la rue Lhomond et de la rue d’Ulm.
À la cité U, les résidents communistes, organisés en cellules du PCF, sont dominants. Près de 10 % d’entre eux y sont adhérents. À l’AERUA, ils sont majoritaires à la direction. L’autre force politique est celle des JCR, mais les relations, parfois tendues, ne dégénèrent jamais. Alain adhère en décembre 1969 au PCF, mais pas à l’UEC.
À la rentrée 1969, l’AERUA déclenche une grève des loyers en protestation contre leur hausse. Elle dure jusqu’à la fin du printemps et Alain en est l’un des organisateurs, collectant les loyers remis à un huissier. Cette grève gênait par ailleurs une partie de la direction du PCF, qui voulait à tout prix se démarquer des « gauchistes » et ne pas « faire peur aux gens ». Il est élu au bureau national de la Fédération des Résidences Universitaires de France (FRUF) sous la présidence de Francis Colbac. Il s’y implique « à fond ». Il est élu trésorier de la fédération en février 1971, puis secrétaire général l’année suivante. Avec Marie George Kosellek-Buffet, la présidente élue de 1971 à 1973, « on formait un vrai binôme ».
En 1973, il quitte la résidence et oriente son militantisme vers l’UNEF. Il devient, entre deux congrès, son trésorier national, mais se méfie de cette responsabilité en lien avec ses études. Durant l’année 1973-1974, ses études mises de côté, il s’investit dans le secteur international et ne cesse de voyager, représentant le syndicat étudiant auprès de l’Union internationale des étudiants (UIE) et de ses organisations membres. Il participe au Festival mondial de la jeunesse et des étudiants (FMJE) de l’été 1973 organisé à Berlin-Est, ainsi qu’au congrès de l’UIE en mai 1974 à Budapest. Il s’occupe aussi fortement des services de l’UNEF en direction des étudiants, notamment à la Coopérative des étudiants de France (CEF). De retour de son service militaire, en mars 1975, il participe avec Jean-Marc Denjean à la naissance de Voyage et Tourisme Universitaires (VTU), une agence de voyage de l’UNEF créée après la cessation d’activité de l’OTU.
À la rentrée 1975, il est temps de se “ranger” et devient salarié de l’Humanité, mais en tant que contrôleur de gestion, « le métier que je ne voulais pas exercer ».
En 1999, membre du comité de direction du journal, il intègre sa rédaction, rompant « enfin » avec sa formation initiale. Il devient le responsable des pages littéraires.