Le 13 décembre 1981, l’état de guerre est déclaré en Pologne. Gilles Boitte qui était un des responsables des relations internationales de l’UNEF livre son analyse de la position de l’UNEF et la compare à celle du PCF.

L’UNEF par la voix de son président prend position de manière indépendante même s’il n’y a pas unanimité au sein du syndicat.

Archives issues du fonds Christophe Prudhomme déposées à la Cité des mémoires étudiantes.

pcf pologne - L'Humanité, 17 décembre 1981

 

L’UNEF ET L’ETAT DE GUERRE EN POLOGNE

    Revenir sur la proclamation de l’état de guerre, le 13 décembre 1981 nécessite de dire ce qu’étaient les relations entre l’UNEF et l’Union socialiste des étudiants polonais (SZSP). E, 1980, les Polonais trouvent auprès de nous un peu d’air à respirer, détestés qu’ils sont par tous leurs homologues pro-soviétiques ; et les Français trouvent en eux un allié de poids pour faire avancer leur projet de « Charte européenne des doits des étudiants », un projet très « post-Helsinki » dépassant la frontière entre les deux blocs . Ces relations permettaient une grande franchise entre nous. Un exemple : j’étais à Varsovie le jour de l’attentat contre le pape. Le président des étudiants polonais m’expliqua la situation : le cardinal Wyszynski, figure de l’Église polonaise d’après-guerre, était mourant ; un accord avait été passé avec le pape pour qu’il calme le jeu s’il y avait provocation des Russes. C’était une demande de l’épiscopat polonais car, depuis août 1980, Wyszinski mettait en garde les grévistes, et Walesa lui-même, contre les risques d’une intervention militaire soviétique ; le pape hors-jeu, le gouvernement n’avait plus d’interlocuteur en cas de clash.

  Il faut aussi revenir sur ce qu’était l’orientation prise par le premier congrès de Solidarnosc en septembre 1981 : cleui d’une « réforme autogestionnaire et démocratique à tous les niveaux de gestion, un nouvel ordre social et économique, qui liera le plan, l’autogestion et le marché ». L’espoir de parvenir à gérer les affaires de la Pologne entre Polonias » n’était pas sans fondement.

  La déclaration de Denis Dubien _ discutée par téléphone le dimanche 13 décembre est inspiré de tout cela. Et il faut la lire à partir des faits concrets eux-mêmes et non en fonction de la suite des événements. On relève alors que là où Georges Marchais parle de « problème » polonais, le texte commence par « processus de renouveau depuis août 1980 (date des accords de Gdansk conclus entre le gouvernement et la République populaire de Pologne et le comité de grève inter-entreprises de Gdansk) » ; qu’il appelle « au respect et au développement des libertés individuelles et collectives » et cite positivement Solidarnosc ; et qu’il insiste pour que « les négociations reprennent entre toutes les composantes du pays ». Certes, les derniers mots de cette déclaration portent sur le risque « d’ingérence étrangère » mais le risque évoqué est bien à multiple facettes : Eglise, Etats-Unis, URSS. Le même dimanche soir, a également été prise la décision de laisser ceux de nos militants qui le voulaient, manifester le lundi soir et de leur confier la banderole nationale du syndicat. Une décision fort différente de celles du PCF et même de la CGT mais, qui de mémoire, fut aussi celle du SNESup.

Gilles Boitte

Déclaration de Denis Dubien, président de l’UNEF, du 14 décembre 1981

La même déclaration manuscrite prise en note par Christophe Prudhomme (au téléphone le soir du 13 décembre ?)

Bulletin des Elus (BLE) de janvier 1982 avec en page 4 une déclaration datée du 19 décembre sur la situation en Pologne.

La déclaration du 19 décembre reproduite dans le numéro du Nouveau Campus de janvier 1982.